Rennes sous les eaux : une mémoire photographique
- Xavier Lucas
- 30 janv.
- 2 min de lecture
Lundi matin, en arpentant les rues de Rennes, j’ai été frappé par une vision que je n’avais jamais connue en 43 ans : l’eau s’était immiscée dans la ville, transformant ses rues en reflets mouvants, effaçant les repères habituels, imposant son propre rythme. Il fallait capturer cela, non pas pour le spectaculaire, mais pour la mémoire. Une mémoire collective, une mémoire visuelle, celle qui, dans quelques mois ou quelques années, nous rappellera ce moment où tout a basculé le temps de quelques jours.
Photographier pour ne pas oublier
J’ai pris mon appareil et j’ai marché, laissant mon regard se poser là où l’eau avait redessiné la ville. Dans ces scènes, il y avait autant de silence que de chaos. Des voitures à demi immergées, des passants hésitants sur les trottoirs, des vélos devenus inutiles, des reflets troublants sur l’asphalte détrempé.
Chaque image raconte une histoire. Celle de ce cycliste stoppé net, fixant l’eau devant lui, comme s’il cherchait une alternative qui n’existait pas. Celle de cet habitant d’une péniche, contraint d’observer son chez-lui inaccessible, séparé par une barrière liquide infranchissable.. Celle de cette rue autrefois familière, devenue étrangère, où l’eau a tout nivelé, tout transformé. Celle de ces terrains de sports qui normalement sont différents par la taille, la couleur ou la texture se ressemblent tous, on peut les distinguer que par les paniers ou les buts sortant de l’eau.
Un regard au-delà du drame
Au-delà de la dévastation, ces images sont aussi une invitation à observer différemment. Voir comment l’eau modifie nos perspectives, comment elle nous force à ralentir, à nous adapter. Rennes n’a pas disparu sous les flots, elle s’est métamorphosée pour quelques jours. Ces clichés en sont le témoin.
En partageant cette série, je souhaite avant tout conserver une trace. Pour ne pas oublier cette fragilité qui nous entoure, pour ne pas banaliser ce qui s’est passé. Car la photographie est un pont entre l’instant et la mémoire, entre l’émotion et la réflexion.
Soutien aux sinistrés
À travers ces images, mes pensées vont aussi à ceux qui ont perdu plus qu’une simple habitude ou un itinéraire. Ceux qui ont vu leur quotidien bouleversé, leurs repères effacés. La photographie ne peut pas tout, mais elle peut, au moins, témoigner et rappeler.
Aujourd’hui, l’eau se retire lentement. Mais les images, elles, restent.
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